Souvent colorées, parfois farfelues, mais toujours amusantes, les expressions idiomatiques font partie intégrante de notre patrimoine linguistique et culturel. Ces locutions imagées que nous employons souvent sans même nous en rendre compte ne sont toutefois pas à prendre au pied de la lettre. Au risque de tomber à côté de la plaque, de pédaler dans la semoule et de finir par en perdre son latin.
Les expressions idiomatiques : un héritage riche et complexe
S’il est difficile de déterminer avec précision d’où viennent les expressions idiomatiques, elles sont rarement le fruit du hasard. Profondément ancrées dans nos habitudes linguistiques, elles témoignent généralement des préoccupations majeures de nos sociétés. Voici un rapide tour d’horizon de leurs possibles origines :
– Origine socioculturelle : de nombreuses locutions idiomatiques sont liées aux différentes pratiques sociales qui ont façonné nos sociétés. C’est notamment le cas de l’expression « trier sur le volet », qui tire son origine du voile fin (le « volet ») utilisé au Moyen-Âge pour trier les graines.
– Origine historique : il va sans dire que l’histoire laisse des traces, et ce jusque dans les expressions que nous employons encore aujourd’hui. Par exemple, la formule « to bury the hatchet » (enterrer la hache de guerre) fait référence à la pratique amérindienne consistant à enterrer les armes en temps de paix.
– Origine mythologique : tout comme l’histoire, les mythes ont également une influence notable sur la langue, comme en témoigne l’expression « toucher le pactole ». Il s’agit en effet d’une référence directe au fleuve Pactole, imbibé de paillettes dorées depuis que le roi Midas, célèbre pour sa capacité à transformer tout ce qu’il touchait en or, s’est lavé les mains dedans pour se libérer de ce don maudit.
– Origine littéraire : l’influence des œuvres littéraires sur la langue est indéniable. L’expression « to go down the rabbit hole » (que l’on pourrait traduire par « faire un saut dans l’inconnu ») est d’ailleurs un clin d’œil assumé au passage d’Alice au pays des merveilles où le personnage principal plonge dans le terrier du Lapin blanc pour y découvrir un monde fantastique.
Une imagerie foisonnante
Maintenant que nous en savons un peu plus sur l’origine de ces locutions, essayons de déterminer comment les reconnaître en examinant de plus près leur typologie bien particulière. La plupart des expressions idiomatiques reposent en effet sur des comparaisons ou des métaphores aux inspirations multiples :
– Les animaux : à titre d’exemple, l’équivalent italien de l’expression bien connue « quand les poules auront des dents » signifie littéralement « quand les ânes voleront » (« quando gli asini voleranno »).
– Les couleurs : imaginez un cordon bleu qui se retrouverait soudain dans le rouge. Ne risque-t-il pas de se mettre à broyer du noir ?
– La nourriture : si le français peut qualifier une personne de petite taille de « haute comme trois pommes », l’allemand conservera également la métaphore gastronomique, en remplaçant toutefois les pommes par des fromages (« Dreikäsehoch »).
Il ne s’agit là que de quelques exemples parmi d’autres. Nous aurions également pu citer les métaphores vestimentaires (« changer d’avis comme de chemise »), botaniques (« couper l’herbe sous le pied ») ou encore anatomiques. Mais ne serait-il pas à présent temps d’entrer dans le cœur du sujet et d’aborder la traduction des expressions idiomatiques sans langue de bois ?
Un véritable enjeu de traduction
Même si les expressions idiomatiques sont moins présentes à l’écrit qu’à l’oral, il est important de savoir les identifier dans ses projets de traduction pour pouvoir les transposer au plus juste dans la langue cible.
Comme le montrent les exemples cités précédemment, ces locutions ne doivent en aucun cas être traduites littéralement. Il ne suffit pas de comprendre le sens de chaque terme pris individuellement pour déduire le sens de l’expression, mais bien d’en connaître l’équivalent dans la langue visée.
Prenons l’exemple de l’expression espagnole « irse a la francesa ». Mot pour mot, elle signifie « s’en aller à la française ». Or, opter pour une telle traduction ne manquerait sans doute pas de vexer les locuteurs francophones. Au risque de froisser à leur tour leurs voisins britanniques, ceux-ci préfèreront en effet « filer à l’anglaise ». À noter que l’équivalent de cette expression dans la langue de Shakespeare, « to take the French leave », a exactement le même sens qu’en espagnol. La boucle est désormais bouclée.
Afin d’éviter de telles déconvenues, n’hésitez donc pas à faire appel à un traducteur professionnel. Nul doute qu’il se fera un plaisir d’éclairer votre lanterne.